Don et transplantation d’organes : plaidoyer pour une prise de conscience et une mobilisation urgente
L’association REINS, qui milite en matière de lutte contre les maladies rénales, a lancé un fort plaidoyer pour une prise de conscience et une mobilisation urgente à tous les niveaux pour le don et la transplantation d’organes au Maroc, notamment en faveur des personnes atteintes de maladies rénales chroniques, véritable fléau du 21è siècle qui risque de s’aggraver davantage avec la pandémie du Covid-19.
Lors d’une conférence de presse virtuelle mercredi, à la veille de la Journée mondiale du don et de la transplantation d’organes (17 octobre), la présidente de l’association REINS, le professeur Amal Bourquia, a sonné l’alerte sur l’impérieuse nécessité de remédier au déficit « inquiétant » qui existe au Maroc en la matière, en particulier la greffe rénale. Un déficit qui s’explique par plusieurs facteurs, essentiellement sociétaux, de prise de conscience et d’absence d’informations sur la pratique et les techniques utilisées dans la greffe, outre les croyances erronées et la peur vis-à-vis de ce procédé.
Selon le professeur Bourquia, il faut, par conséquent, et de toute urgence « rattraper le retard » qu’enregistre le Maroc dans ce domaine à travers un débat national et sociétal visant notamment à faire connaître ce moyen thérapeutique auprès du grand public.
« La maladie rénale chronique est devenue un fléau du 21è siècle. Les gens n’en parlent pas et ne s’y intéressent pas, mais c’est une catastrophe (en devenir) », alerte la présidente de l’association REINS, qui ne mâche pas ses mots sur la gravité du sujet.
Et de souligner à cet égard que la pandémie de Covid-19 risque aussi d’entraîner « une augmentation très importante de maladies rénales chroniques, soit parce que le rein a été atteint d’une insuffisance rénale aiguë pendant les complications du Covid-19, soit qu’il y a eu une atteinte auparavant (…) qui va s’aggraver avec le temps ».
« L’ensemble de ces éléments permettent de voir que l’incidence va toujours être en croissance, avec d’autres complications comme le diabète, l’hypertension artérielle, et des coûts de traitements très onéreux », met en garde le professeur Bourquia, qui insiste sur l’obligation d’élaborer une stratégie pour faire face au fléau des maladies rénales chroniques.
Pour elle, la greffe du rein s’avère, dans ce sens, comme « une solution efficace » pour remédier à ce fléau, d’où l’intérêt de la promouvoir et d’encourager les gens à s’inscrire comme donateurs aux registres créés à cet effet au niveau des tribunaux.
Revenant sur l’impact du Covid-19, le professeur Bourquia relève que la grande préoccupation au sein des organisations internationales (et de la communauté scientifique) est le risque de voir une prolifération mondiale de maladies et de défaillances rénales chroniques, des suites de la pandémie du nouveau coronavirus.
Elle explique, à ce propos, que parmi les facteurs pronostiques qui ont contribué à la mort des malades du Covid-19 admis en réanimation est l’insuffisance rénale. L’incidence de cette dernière est, en effet, pire que l’insuffisance respiratoire, qui était essentiellement pointée du doigt pour ces décès.
Autre élément de gravité, les malades du Covid-19 qui n’ont pas été admis en réanimation et qui n’ont pas souffert d’incidence rénale aiguë, présentent eux aussi des troubles rénaux, s’inquiète la spécialiste marocaine.
« Personnellement, j’ai attiré l’attention depuis avril 2020 sur l’importance de détecter la maladie rénale avant même l’apparition de ses symptômes, en ce sens qu’il s’agit d’une maladie silencieuse », affirme-t-elle. Car selon le professeur Bourquia, cette atteinte passe souvent inaperçue, que ce soit pour les personnes hospitalisées en raison du Covid-19, et même pour les gens qui n’ont pas été hospitalisés. « Et avec le temps, cette atteinte, aussi minime soit-elle, va s’aggraver », met-elle en garde.
« C’est pour cette raison que, personnellement, j’ai demandé à ce que tous les malades atteints de Covid-19 devraient s’assurer qu’ils n’ont pas eu comme complications des problèmes au niveau des reins, et de continuer une surveillance », ajoute-t-elle.
A cette occasion, le professeur Amal Bourquia a également présenté son dernier ouvrage, don et transplantation d’organes – Espoir, qui entend sensibiliser davantage à l’importance de cet « acte thérapeutique de générosité et de solidarité qui sauve des vies ».
Dans ce livre, elle fait le point sur la situation du don et de la transplantation d’organes au Maroc et discute de la transplantation dans tous ses aspects, humains, législatifs, religieux, sociaux et économiques. L’accent est aussi mis sur les éléments qui peuvent influencer l’acceptation ou le refus du don, telles que les croyances, les convictions et la perception de la mort et les valeurs éthiques qui doivent guider cette thérapeutique.
Elle insiste sur le besoin urgent de développer la transplantation d’organes, en général, et rénale en particulier, en privilégiant le donneur vivant, et aborde les différents moyens à développer pour l’essor de ce moyen thérapeutique.