–Par Rajaa Khaled–
Casablanca – Qui empêche les Marocains de faire un don d’organes de leur vivant ou après avoir quitté ce bas monde ? Une question certes qui se pose avec plus d’acuité à la vieille de la célébration, le 17 Octobre de chaque année, de la Journée mondiale du don d’organes.
Force est de constater que bien que la greffe rénale se pratique au Maroc par d’excellents chirurgiens, ce sont peu d’opérations qui ont été réalisées depuis l’introduction de la transplantation au pays en 1986. Quant à l’effectif de bénéficiaires, il est trop faible et ne reflète guère le niveau de la demande sans cesse croissante.
En 2015, près de 400 malades ont pu être greffés, essentiellement avec des donneurs vivants et moins d’une dizaine avec donneurs en état de mort cérébrale, un chiffre insignifiant face à la demande qui va crescendo de personnes dialysées en attente d’un acte de donation d’âmes charitables, selon des chiffres fournis par l’Association REINS qui précise qu’à fin 2014, près de 17.000 patients sont traités par dialyse dans 200 centres publics et privés.
Ainsi, confusion, anxiété, psychose, crainte vague, réticences psychologiques et surtout manque de moyens financiers pour se faire greffer au Maroc, sont désormais autant de perceptions négatives qui entravent le développement du traitement par la greffe en général et rénale en particulier au Maroc.
Cependant, le don d’organes est considéré comme un des moyens thérapeutiques les plus efficaces permettant de sauver des milliers de vies et d’améliorer la qualité de vie des patients, tout en allégeant la facture de la prise en charge. Face au retard énorme qu’accuse le Maroc en matière de greffe d’organes en général et rénale en particulier, la célébration de cette Journée mondiale permettra de sensibiliser davantage sur l’importance de cet acte de générosité et de solidarité qui sauve des vies, relève l’Association REINS.
Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent parce qu’ils n’ont pas pu être transplantés au moment opportun. Ils quittent ce bas monde alors que la médecine aurait été en mesure de les sauver.
Faut-il rappeler qu’au Maroc près de 17.000 patients sous dialyse forment ardemment le vœu de recevoir un rein, pour soulager leur souffrance, améliorer la qualité de leur vie et partant contribuer au développement durable du pays.
Forte de son expérience et de ses actions inlassables tendant à promouvoir le don d’organes dans notre pays, REINS a lancé il y a une année une campagne de sensibilisation dont elle va dresser le bilan à cette occasion.
Au programme de cette journée mondiale figure l’organisation d’une conférence en présence des associations, de personnes ayant reçu ou donnée un organe, leur familles, donneurs et des receveurs et au cours de laquelle l’Association passera en revue le bilan de ses activités pour l’année 2014-2015 et fera l’annonce de son plan d’activités au titre de l’année prochaine 2015-2016.
Contactée par la MAP, la présidente de REINS, Pr. Amal Bourquia a tenu à souligner que l’Association, qui poursuit sa mission d’information et de sensibilisation au don et à la greffe d’organes, se fixe comme objectif l’encouragement et la motivation des citoyens pour le don afin d’aider à l’essor de cette thérapeutique.
Pour cette année, les campagnes de la sensibilisation ciblent en priorité les jeunes, a-t-elle fait savoir, annonçant, dans ce sillage, le lancement d’une campagne de sensibilisation au don d’organes et de tissus dans les établissements scolaires et universitaires de la préfecture Casa-Anfa, le but étant d’ancrer la culture de don d’organes chez les jeunes. Et de rappeler que l’Association avait procédé au lancement d’un réseau marocain du don d’organes, qui se propose de développer les actions de promotion du don d’organes au Maroc.
Pour ce médecin spécialiste en néphrologie, la promotion du don et de la greffe d’organe au Maroc passe par la tenue d’un dialogue avec la participation de toutes les composantes de la société, en vue de mettre en place une stratégie efficace pour ancrer la culture de dons d’organes chez la population.
Dans ce cadre, REINS a fait que pour la première fois une championne marocaine du monde du sport, en l’occurrence Hind Abatorab, va courir avec le logo REINS et le slogan du don, une occasion de véhiculer des messages prônant les valeurs de partage, de solidarité et de générosité.
“La situation actuelle du don et de la greffe d’organes nous interpelle tous pour engager un dialogue national auquel participeront toutes les composantes de la société, décideurs, médecins, experts, acteurs économiques et politiques, jurisconsultes, érudits et représentants de la société civile, en vue de réfléchir sur la stratégie future pour encourager les citoyens à faire don de leur organe pour sauver des vies et faire l’engagement de promouvoir une véritable culture du don et de solidarité”, a indiqué Pr. Bourquia.
Décidément, le don d’organes est un acte de générosité permettant de sauver des vies, que l’Islam encourage et que la loi encadre de façon très précise. Ce faisant, il est grand temps de développer régulièrement des actions de communication et d’information sur les maladies rénales pour être proche du citoyen et l’aider à faire son choix en ayant toutes les informations nécessaires.
Cette Journée est donc venue nous rappeler tous que la générosité est une vertu fondamentale de notre société, qu’une solidarité généreuse est un enrichissement de soi et de tous. Donner un peu de soi pour sauver des vies, même après l’achèvement de la sienne, c’est aussi l’enrichir, c’est être encore plus humain. Le don, c’est la vie.