Casablanca – Les personnes atteintes d’insuffisance rénale représentent une catégorie “vulnérable” qui a impérativement besoin d’un accompagnement psychologique et d’un plus grand soutien de l’entourage familial et médical, assure la professeure en néphrologie Amal Bourquia.
La présidente de l’association Reins livre, dans un entretien à la MAP, un regard renouvelé sur cette maladie chronique, à l’occasion de la Journée mondiale du Rein (11 mars).
Question: Dans quelle mesure on peut considérer l’accompagnement psychologique comme capital pour une meilleure prise en charge des insuffisants rénaux ?
Quand on parle des souffrances endurées par les personnes atteintes d’insuffisance rénale aigüe ou chronique, cela va au-delà de la problématique d’accès régulier aux prestations de santé. Il est aussi question de l’impératif de faire bénéficier cette catégorie du soutien psychologique, particulièrement dans les circonstances de la propagation du Covid-19.
C’est une question très importante, qui requiert de l’entourage familial de réunir les conditions propices pour que l’insuffisant rénal puisse vivre au mieux et accepter cette maladie chronique.
La réalité est que ces malades représentent une catégorie vulnérable exposée à toutes sortes d’influences d’ordre extérieur, organique et psychologique. Cela pose avec insistance la question de l’acceptation de la maladie tant pour ce qui est du respect des séances d’hémodialyse, de participation à la vie sociale ou de la pratique de certaines activités récréatives et sociales, comme la lecture, l’écriture, la peinture, la musique, la poésie ou l’action associative.
L’accompagnement psychologique exige des médecins, au vu de leur proximité de l’entourage du malade, de changer leur regard envers cette catégorie et de gagner sa confiance, en faisant montre de tact et de précision dans la description de l’état du patient, du fait que cela aide énormément dans l’acceptation de la maladie.
Les médecins se doivent, à cet effet, de nouer des rapports humanistes avec les malades, sur la base du partage et de la confiance. Le fait de considérer le patient comme un simple cas à traiter porte un coup à l’espoir et à l’envie de guérison, surtout si le médecin ne consacre pas suffisamment de temps pour écouter ses préoccupations, comprendre ses appréhensions et dissiper ses craintes quant aux probables complications auxquelles il peut être confronté.
Question : La société a-t-elle besoin qu’on lui rappelle régulièrement les dangers des maladies rénales ?
Absolument. C’est une question fondamentale, car toutes les couches sociales commettent, aujourd’hui, des erreurs inadmissibles à même d’altérer le fonctionnement des reins. La nature des aliments largement consommés (excès de viande), l’utilisation abusive du sel de cuisine, les boissons gazeuses et d’autres produits peuvent éprouver les reins. On peut ajouter à tout cela la prise de médicaments sans prescription et la non-consommation de quantités suffisantes d’eau quotidiennement.
Ce sont de mauvaises habitudes qui impactent négativement la santé rénale. En conséquence, nous devons faire très attention à ne pas mettre en danger cet organe vital par ces comportements.
On peut aussi mentionner le risque de la consommation inappropriée des plantes qui, quand elles sont bouillies, peuvent devenir toxiques.
La Journée mondiale du Rein est une occasion pour rappeler la vitalité de cet organe et sensibiliser aux bonnes habitudes sanitaires et alimentaires à adopter.
Au Maroc, nous comptons quelque 30 mille malades en hémodialyse, alors que les opérations de transplantation ne dépassent pas les 500, rendant difficile l’élargissement de la base des bénéficiaires pour retrouver une vie saine.
Cette situation suscite des inquiétudes dans notre pays, en raison du faible engouement des donneurs, sans oublier les difficultés d’accès à certains médicaments nécessaires au traitement des maladies rénales.
Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10% de la population mondiale souffre de maladies rénales chroniques et près de 850 millions de personnes ont des facteurs prédisposant à ces maladies, qui viennent à la 18ème position sur la liste des pathologies mortelles. Aussi, un adulte sur dix souffre d’une insuffisance rénale aiguë.
Question: Quels seraient les conseils à suivre pour se prémunir contre cette maladie ?
Il faut consommer naturel, essentiellement les jus, les fruits et légumes frais, éviter les sucreries et gras et boire beaucoup d’eau. Des habitudes qui aident les reins à accomplir leur fonction et les protègent contre la dégradation.
On peut également se prémunir à travers un diagnostic précoce et la consultation du médecin dès l’apparition d’un signe inquiétant, tels le gonflement du visage, le changement de la couleur de l’urine, la hausse de la température du corps ou des douleurs au bas du dos.