Greffe rénale: « Le don d’organes est un acte de générosité, citoyen, permettant de sauver des vies »

Pour une personne dialysée, une greffe rénale est un grand soulagement. Elle lui permet de mener une vie normale. Mais ce n’est pas facile. Explications de Amal Bourquia, Professeur de néphrologie et néphrologie pédiatrique. Présidente de l’association «REINS», experte en Éthique médicale et droit de la santé, consulting et communication médicales, Association REINS.

Saha.ma: Quelle évaluation faites-vous des dons des reins au Maroc aujourd’hui?

La première transplantation rénale avec donneur vivant a été réalisée au Maroc en 1986, et depuis le Maroc n’a pu effectuer que 600 transplantations rénales, dont 60 à partir de sujets en état de mort encéphalique soit environ 17 greffes par million d’habitants depuis 1990, des chiffres dérisoires comparés à la demande. Par ailleurs ,les candidats éventuels au don d’organes après la mort sont rares au Maroc malgré les dispositions légales. La loi concernant la greffe d’organes a vu le jour en 1998 (loi n°16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation). Mais, depuis ces dates seules 1100 personnes, dont plus de 700 à Casablanca, se sont inscrites aux registres du don d’organes après la mort, mis à la disposition des volontaires au niveau des différents tribunaux civils de première instance du royaume. Les chiffres de 600 transplantations rénales depuis 34 ans et près de 1100 donneurs potentiels, permet de noter qu’ils ne traduisent ni le niveau médical du Maroc ni la générosité des marocains.

Pourquoi le don des reins n’est pas développé au Maroc ?

La greffe d’organes s’entoure d’un ensemble de représentations culturelles autour de la perception du corps, du don et de la mort. Aussi, est-il nécessaire que les citoyens ne soient pas exclus des débats, lesquels ne doivent pas être confisqués par des experts. La situation désastreuse nécessite une profonde analyse pour mettre l’accent sur les insuffisances et travailler pour pallier à ce grand déficit. Le don d’organes est un acte de générosité, citoyen, permettant de sauver des vies, que l’Islam encourage et que la loi encadre de façon très précise. En dépit des bienfaits du don d’organes et en ses vertus temporelles et religieuses,  ce dernier reste à la traîneau Maroc. Confusion, anxiété, psychose, crainte vague, réticences psychologiques, autant de perceptions négatives qui entravent le développement du traitement par la greffe en général et rénale en particulier au Maroc.

Peut-on dire qu’il y a d’autres blocages à part ceux liés à la législation ?

Le Maroc, connaît des difficultés de recourir au donneur vivant, et une rareté de donneurs en état de mort encéphalique. La méconnaissance de la part des patients des aspects médicaux, de la législation, du point de vue de la religion et la rareté de la discussion et de l’information sur le sujet pourraient expliquer en partie cette situation. Nombreuses études ont été réalisées par l’association REINS montrant de nombreuses difficultés dans différents domaines sur lesquels il faudrait travailler pour faire face à ces insuffisances. Il est nécessaire que les responsables, les décideurs, les scientifiques à se concertent pour trouver des solutions  à la défaillance des moyens et de la logistique, l’insuffisance de la formation des soignants et de l’information de la population.

Quelle est la différence entre une greffe à partir d’un donneur cadavérique et celle avec un donneur vivant ?

Tout d’abord la logistique de la greffe lourde pour la greffe à partir d sujet en état d mort encéphalique et plus couteuse. De  même la durée de survie du greffon reste meilleur avec le donneur vivant. Le développement de ce moyen thérapeutique et en harmonie avec le niveau médical des pays et beaucoup de travail reste à faire dont la formation régulière des équipes.

Quelle est la  durée de vie moyenne  du rein greffé ?

Très variable et dépend de nombreux facteurs influencent la survie du greffon dont  la cause de la maladie, les médicaments immunosuppresseurs, la qualité du suivi…La survie peut varier dans les meilleurs de quelques années a 25 ans.

Après une greffe comment le greffé doit il agir ?

Un suivi régulier, la prise permanente des médicaments anti rejet et le traitement correct de toutes complications qui peuvent apparaitre, avec une bonne hygiène de vie pour protéger au maximum le greffon. Au cours des trois premiers mois le suivi est étroit. Les visites médicales et les examens en général deux fois par semaine le premier mois, puis une fois par semaine, puis deux fois par mois. Le suivi habituel comporte des analyses de sang et d’urine, un examen clinique, la prise de la tension artérielle…Si une anomalie est détectée, d’autres examens peuvent être nécessaires et une hospitalisation est toujours possible, ce qui est assez fréquent à ce stade de la greffe. A partir du deuxième trimestre, la surveillance est assouplie.  À terme, elle passe à tous les trois ou quatre mois après la première année. En conclusion, on peut avancer que les professionnels de santé peuvent être d’un grand apport dans ce domaine en sensibilisant au maximum par rapport à la promotion du don et à pour faire parvenir à noter population des informations juste et véhiculer des messages de partage, de solidarité et de générosité vis-à-vis des patients dans le besoin d’organes pour sauver leurs vies.

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