La journée mondiale du rein, célébrée le 10 mars de chaque année, est l’occasion de s’arrêter sur l’évolution et le traitement de la pathologie, ainsi que les moyens de prévention. Le professeur Amal Bourquia (spécialiste des pathologies rénales), qui a cumulé une riche expérience scientifique en la matière, souligne, dans un entretien à la MAP, la nécessité de multiplier les actions de sensibilisation pour un meilleur traitement de la maladie.
1. L’association Reins que vous présidez a lancé récemment une campagne de sensibilisation et d’information à travers les réseaux sociaux, quelle est son importance?
Amal Bourquia : L’objectif de cette campagne est de renforcer la prise de conscience concernant les dangers de la maladie rénale chronique (MRC) qui constitue une menace pour la santé publique à cause de l’ignorance de ses conséquences, ce qui empêche la diffusion de moyens de prévention et augmente le taux de mortalité liée à la maladie.
L’insuffisance rénale chronique est un aboutissement très fréquent et sévère de la MRC, et les chiffres sont alarmants, puisque 10 pc de la population mondiale est touchée par la MRC. Au Maroc, il y a près de 32.000 dialysés, soit près de 1.000 cas par million d’habitants, alors que l’incidence et la prévalence de la MRC progressent chaque année et sa mortalité continue d’augmenter, elle devrait devenir la 5ème cause de décès d’ici 2040. Le diagnostic précoce de la pathologie permet d’éviter toute détérioration de la situation et d’améliorer le traitement; donc, la prise de conscience concernant les dangers des maladies rénales revêt une grande importance, en particulier à l’occasion de la célébration de cette journée du rein, une pathologie qui figure parmi les maladies silencieuses.
2. Qu’en est-il des activités de l’association « Reins », dans le contexte sanitaire actuel?
A.B: L’association travaille depuis sa création sur 2 axes essentiels, à savoir la sensibilisation et la prévention pour soulager le poids qui pèse sur les centres d’hémodialyse, ainsi que le passage de la dialyse à la transplantation.
Cette année et la précédente, marquées par de rares rencontres avec les citoyens, en raison des répercussions de la crise pandémique, on a focalisé sur les réseaux sociaux, en fournissant de l’information en plusieurs langues et de différentes manières, et en sensibilisant les médecins qui méconnaissent les pathologies rénales et leur traitement, un sujet sur lequel on a longuement travaillé au sein de l’association. Nous avons également saisi l’opportunité de la célébration de la journée mondiale de la femme pour jeter la lumière sur les spécificités des maladies rénales chez les femmes qui peuvent souffrir de problèmes particuliers susceptibles d’affecter leur grossesse.
3. Vous venez de publier un livre intitulé « Le don et la transplantation d’organes: Quel espoir? ». Quel est sa valeur ajoutée?
A.B: Il s’agit d’un nouvel ouvrage qui traite du don et de la transplantation d’organes. Il offre de meilleures solutions aux patients souffrant de maladies rénales, surtout pour ceux ayant atteint un stade avancé ou final, où il sera possible de recourir à l’opération de transplantation au lieu de la dialyse, vu ses résultats probants sur la santé du malade. L’ouvrage traite également de la maladie qui constitue le fléau du 21ème siècle, sachant que le nombre d’insuffisants rénaux va augmenter après la pandémie, ce qui requiert d’élargir le cercle de dialyse. Il insiste sur l’encouragement de la transplantation rénale et la diffusion de la culture de don d’organes pour sauver des vies humaines.
L’ouvrage, de 200 pages, traite de la réalité et des perspectives de la maladie rénale chronique, des possibilités d’atténuer ses conséquences et de réduire la maladie rénale, et de la transplantation sous les aspects humains, législatifs, religieux, sociaux et économiques.
Cette nouvelle publication vise à élargir le cercle de la sensibilisation et de la prise de conscience de l’importance de la transplantation d’organes, ce travail thérapeutique basé sur la générosité et la solidarité qui sauve de nombreuses vies.