Depuis son instauration en 2005 par l’Organisation mondiale de la Santé, la journée mondiale du don d’organes et de la greffe est célébrée le 17 octobre de chaque année. Depuis, la pratique a connu une évolution notable mondialement, grâce à l’évolution de plusieurs cadres (technologique, réglementaire, etc). Mais au Maroc, les chiffres relatifs au don d’organe et à la greffe progressent très lentement depuis 1986, date de la première transplantation rénale impliquant un donneur vivant.
Ainsi, en plus de trois décades, seulement 630 greffes rénales ont été réalisées au Maroc, dont 60 à partir de sujets en état de mort encéphalique, ce qui représente environ 17 greffes pour chaque million d’habitants, informe l’Association Marocaine de Lutte contre les Maladies Rénales (REINS), acteur principal de la société civile dans ce champs, et ce dans un communiqué rendu public à l’occasion de cette journée mondiale.
Il s’agit là de chiffres « dérisoires » en comparaison à la demande nationale, estime l’association en révélant un secret de polichinelle : « Les candidats éventuels au don d’organes après la mort sont rares ». Depuis 1998, date de la promulgation de la Loi n° 16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes, seules 1100 personnes (dont plus de 700 à Casablanca) se sont inscrites aux registres de don d’organes après la mort, mis à la disposition des volontaires au niveau des différents tribunaux de première instance du Maroc.
A l’avènement de chaque nouvelle journée mondiale, la même question se pose avec insistance. « Avec 630 transplantations rénales en 34 ans, les Marocains pourront-ils espérer un jour être traités par une transplantation rénale ? », s’interroge l’association.
En dépit de cette stagnation manifeste et de longue durée, Pr. Amal Bourquia, présidente de l’association Reins, ne se lasse pas de réitérer le même message d’espoir. Elle appelle les âmes charitables à s’inscrire au registre de recueil des déclarations de don mis à la disposition des citoyens dans les tribunaux de première instance de la ville de résidence.
Contactée par 2M.ma, Pr. Bourquia estime que la dynamisation du don d’organe reste tributaire d’une « réélle volonté politique », au vu des nombreux freins existants menant à la difficulté de recourir au donneur vivant et à la rareté de donneur en état de mort encéphalique. A la tête de ces barrières, elle cite la méconnaissance par le public des aspects médicaux, de la législation en vigueur, du point de vue de la religion et de la rareté de la discussion et de l’information sur le sujet. S’y rajoutent la rigidité du texte juridique, le coût des opérations, la défaillance des moyens et de la logistique ou encore l’insuffisance de la formation du personnel soignant…
Pour ne rien arranger, la pandémie de la Covid-19 a fait de l’ombre aux difficultés que connaissent les malades souffrant de pathologies graves. « On ne doit pas oublier les personnes qui décèdent chaque jour par manque d’organe à transplanter, ou les 32.000 autres victimes d’insuffisance rénale, dont la vie ne tient qu’aux générateurs d’hémodialyse, et qui aspirent à une qualité de vie. Cette pandémie ne devrait pas plutôt promouvoir notre solidarité ? », conclut l’association dans son communiqué.